Âge, date et lieu de naissance ⇝ Vingt-deux ans, deux janvier mille neuf cent quatre-vingt dix, Paris. Statut ⇝ Célibataire. Nationalité ⇝ Franco-Américaine. Métier/Études ⇝ Etudiante en littérature et photographie / Mannequin. Groupe ⇝ Luxuria.

Muse rentra dans le cabinet du docteur Livingstone à la fois blasée et pleine d'espoir. Sixième psychanalyste. A chaque fois, c'était la même chose. Entrer, s'allonger sur le divan et décrire sa vie depuis le début. C'était très douloureux, mais cela faisait un bien fou. Mais elle espérait sincèrement que Jane Livingstone serait la bonne et la dernière de cette longue série et qu'elle l'accompagnerait jusqu'à ce qu'elle aille mieux. Elle rentra et tendit la main avec un beau sourire. « Bonjour. Muse O'Ryan. » « Docteur Livingstone. Enchantée. » Joli sourire, chaleureuse. Bon feeling. La médecin s'assit dans le fauteuil, la patiente s'allongea sur le canapé en faux cuir, posant ses jambes sur l'accoudoir. « Bon. Si l'on commençait Mademoiselle O'Ryan ? » Cette dernière se fendit d'un faible sourire, prit une profonde inspiration et se lança dans le récit du long Enfer qu'était sa vie...

I. Once upon a time, my family used to be a happy one.

Mon nom complet est Swann Muse-Calypso O'Ryan. Je suis née le deux janvier mille neuf cent quatre-vingt dix à l'hôpital du Sacré-Coeur de Paris. Il neigeait ce jour-là, fait rarissime dans une aussi grande capitale urbaine toujours en surchauffe. Peut-être était-ce un signe déjà. Peut-être que la magnifique – à ce qu'il paraît - fillette qui venait de dire bonjour au monde était prédestinée à avoir une vie hors du commun. Fille unique, je suis l'enfant de Louise Garrel, une journaliste française, et de James O'Ryan, treader cent pour cent américain. Il n'était pratiquement jamais là. J'ai donc tissé un lien extrêmement fort avec ma mère au fil des années. Et même si mon père n'était pas souvent là, dès qu'il revenait c'était le bonheur. On avait de l'argent, mes parents m'aimaient, on pouvait tout se permettre... On était une famille heureuse. Je ne pensais pas que cette bulle dorée pourrait éclater. Et pourtant...

II. My father ruins my childhood and my family.

J'avais dix ans. C'était le jour de Noël. J'étais profondément endormie lorsque j'ai senti quelque chose sur ma bouche. Un foulard. J'ai ouvert les yeux, affolée, et j'ai vu mon père, penché sur moi. Il avait les yeux brillants et il souriait. Il avait bu, je pouvais le sentir. Il s'est rapproché et a commencé à se déshabiller. J'ai fini par comprendre ce qu'il allait faire lorsqu'il s'est allongé sur moi. C'était atroce. J'ai voulu crier sans relâche mais le bâillon m'en empêchait. J'avais mal, c'était horrible. Chaque coup résonnait en moi avec un mélange de douleur, de trahison, de colère et d'incompréhension. Ca a duré pendant six ans, tous les soirs. Six ans de silence. 133225 nuits. Puis à seize ans, lorsque j'ai eu mon permis de conduire, allez savoir pourquoi, j'ai foncé au commissariat et j'ai déposé plainte contre mon père. Lorsque l'enquête a démontré que je disais la vérité, ma mère m'a accusé de mentir, m'a giflé et m'a foutue dehors. Le pire dans tout cela, c'est que mon frère n'a rien dit. Pas un mot. Après tous les moments heureux qu'on n'avait passé ensemble, on n'avait toujours été là l'un pour l'autre. Et il n'a pas ouvert la bouche. Mon père a été arrêté. Elle m'a laissé une demie-heure pour faire ma valise. Je me suis réfugiée chez Lou, ma meilleure amie d'enfance. Elle était tout ce qui me restait. Je n'avais plus de famille, plus de racines. On me détestait, je n'étais plus rien. J'étais seule et désespérée.

III. I'm alone in the darkness.

J'avais donc seize ans maintenant. Heureusement Lou était là. C'était mon point d'encrage, mon amie, ma sœur, tout. Elle me poussait à aller au lycée, à sortir, à avoir une vie sociale alors que je n'avais qu'une seule envie : rester allongée sur mon lit dans le noir à pleurer et à m'apitoyer sur mon sort toute la journée. J'ai fait deux tentatives de suicide : une médicamenteuse et une tentative de pendaison. Pourquoi ? Parce que je n'avais plus rien, et même si Lou faisait tout ce qu'elle pouvait, elle ne m'aidait pas à définir qui j'étais, et je me noyais dans mes ténèbres intérieures. Plus rien n'avait de sens, de couleur, de goût, d'importance. Je traversais la vie dans un brouillard gris permanent, une monotonie sans changement. Je ne prenais plus soin de moi, je ne vivais plus. La dépression me bouffait. Je n'étais plus qu'une ombre, qui ne parlait plus, ne mangeait plus, ne riait plus et avec des canaux lacrymaux assimilables à du sable. J'ai perdu plusieurs kilos, je n'étais qu'un tas d'os. Rien ne pouvait me sauver. Rien sauf...

IV. New city, new school, I try to build a life without past.

L'anniversaire de mes dix-huit ans. La fin du lycée approche. Aucune envie de faire la fête. Lou était venue frapper à la porte de ma chambre avant d'y entrer sans attendre de réponse. Elle avait une enveloppe à la main. Je l'ai ouverte. Un billet d'avion pour Chicago. Là-bas, on pourrait tout recommencer, être qui on voulait, repartir de zéro. On partait dès le premier jour des vacances d'été, un tour des Etats-Unis jusqu'à la rentrée. Pour la première fois depuis huit ans, j'ai souris et je l'ai serrée dans mes bras. Jamais on aurait pu me faire plus beau cadeau. J'ai passé le reste de l'année à vingt mètres au-dessus du sol. J'ai eu mon examen final de justesse puis nous nous sommes envolées. New York, Washington, Detroit, Dallas, Boston, Las Vegas puis San Francisco. De vraies vacances. J'ai choisi un double cursus de photographie et de journalisme. Je n'arrivais pas à choisir alors voilà. Je me suis créé un personnage de jeune femme enjouée, fêtarde, qui croque la vie à pleines dents, toujours le sourire. L'opposé exact de ce que je suis. Mon personnage est convoité par les garçons comme par les filles que cela intéresse, populaire, bonne élève, avec une bande d'amis impressionnante. Une apparence de perfection pour un champ de bataille intérieur. Seule Lou me connait vraiment et ne me laissera jamais tomber, quoi qu'il arrive.

V. I'm getting through all of this a little bit more everyday.


Au fur et à mesure, mon personnage commence à déteindre sur moi. Dans le bon sens, bien sûr. Petit bout par petit bout, trait de caractère par trait de caractère. Alors un jour, en me levant, j'ai décidé de faire quelque chose contre ma dépression. J'ai commencé la psychanalyse. Ca marchait, mais au bout de quelques mois, je me rendait compte que le psychanalyste ne me convenait pas pour des raisons diverses, notamment le mutisme, les hochements de tête et les onomatopées. Alors je changeais. Je commence à retrouver le sourire et l'envie de profiter de la vie. Je me confie aussi progressivement à quelques amis très proches, sans jamais aborder le point le plus douloureux. Mon coeur est libre, même si je couche avec à peu près tout le monde pour cacher que j'ai un problème avec le sexe mais j'espère trouver vite celui ou celle qui m'aidera à surmonter définitivement ma souffrance et à vivre pleinement. Mon but ultime est de connaître le bonheur, comme la plupart des gens.

Muse sortit de ses souvenirs et revint dans la réalité. Elle avait les larmes aux yeux. Elle les sécha rapidement et se tourna vers la femme dans le fauteuil. « J'espère ne pas vous décevoir et que nous allons travailler longtemps ensemble. » La jolie brune se rassit en souriant. « De même, Madame Livingstone. » Elle prit son sac à main, sortit son chéquier, un stylo, remplit le chèque et le tendit à la jeune quinquagénaire. « Merci. Je vous appellerai pour reprendre rendez-vous. » « Pas de problème. A bientôt. » Un sourire. « Au revoir Docteur. » Elle prit ses affaires et franchit le seuil, un peu plus légère.

Prénom/Pseudo ⇝ Mariette aka Smiling_Sun. Âge ⇝ 16 ans. Avatar ⇝ Nina Constantinova Dobreva. Ton avis sur FBL ⇝ hearty: . Connexion ⇝ 3 à 7/7.